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Ca d'Oro sur la grande Bleue

tour du Péloponnèse

24 Août 2017 , Rédigé par Vincent et Catherine Crespy

Amarrés à Cythère, le long d’un petit quai où il ne restait qu’une place, nous nous reposons de notre nuit blanche. En fin d’après midi, nous faisons une petite sortie à pied pour voir de haut cette baie double. Au retour, terrasse les pieds dans l’eau pour nous réhydrater….à la Mythos.
Retour au bateau pour constater que de drôles de nuages avec une drôle de couleur coiffent les sommets vers l’Ouest. En fait, c’est la fumée d’un gigantesque incendie dans les montagnes, et deux canadairs assistés d’un hélicoptère  commencent leurs rotations. Mission interrompue par la nuit. Le lendemain, quand nous quittons l’île par l’Ouest pour rejoindre le « Magne », région qui couvre le doigt central du Péloponnèse, nous constatons que l’incendie est toujours actif et monopolise toujours les canadairs.

Nous verrons le panache de fumée presque toute notre traversée  vers Porto Cayio, jolie petite baie où une dizaine de bateaux sont au mouillage. 3 tavernas, une petite chapelle au bout de la pointe rocheuse qui ferme la baie, quelques maisons pour touristes et deux ou trois très belles « demeures » de natifs, qui reviennent au pays après l’avoir quitté jeune, faute de ressources dans cette pointe aride. Le style maniote est très particulier. Maisons carrées à un ou deux étages, avec peu de fenêtres, presque des meurtrières, construites en blocs de marbre gris parsemé de ci delà de taches blanches. Austère, à l’image de ce peuple, descendant direct des spartiates, et toujours en opposition avec le  pouvoir central, qu’il  soit turc, byzantin ou grec !

La navigation contre le vent dominant d’ouest nous oblige à partir tôt pour bénéficier des petits airs et être au prochain port avant le renforcement du vent l’après midi.  Pour aller à Kalamata, nous longeons la Magne sur sa côte ouest, plus accueillante que la côte Est très escarpée.

A Kalamata, ville en partie détruite par un tremblement de terre en 1986, nous sommes un peu surpris par l’état de la ville, du moins ce que nous en voyons ce premier jour. Il faut dire que c’est dimanche : beaucoup de commerces sont fermés et il n’y a que peu de monde en ville. Les gens sont à la plage. Entre front de mer et ville, les immeubles laissés en l’état après le tremblement de terre, les jardins municipaux en triste état, tout laisse croire que la ville ne s’est pas remise de cette catastrophe et que la crise grecque accentue encore cet effondrement.
Heureusement, cette impression est balayée le lendemain. Non seulement la ville est vivante, mais les employés municipaux sont à l’œuvre pour redonner un coup de frais aux espaces verts. Le centre ville sera accessible depuis le front de mer par une coulée verte magnifique, mais les travaux ont commencé par le centre ville et la partie la plus sud, celle que nous avons vue la veille n’en est qu’aux débuts  de sa rénovation.
Ce qui a pu être sauvé de la vieille ville, regroupé autour de son église byzantine intacte, forme comme un petit village englobé dans une ville aux avenues larges et perpendiculaires et il fait bon de s’y prélasser à la terrasse d’un petit bistrot.

A la marina, nous profitons de l’eau douce pour enlever tout le sel accumulé sur le pont  depuis notre départ de Réthymnon. Les embruns sèchent  très vite avec le vent et la chaleur, et chacun dépose son petit grain de sel. Embrun après embrun, grain après grain, il n’y a pas loin de 3 mm de sel par endroit !  Tout reste poisseux, et se frotter à quelque partie que ce soit du bateau est très désagréable. Le sel finit même par nous « brûler » les mains et les avants bras. Mais tout ceci disparait avec force coups d’éponge et jet d’eau à volonté.

En quittant Kalamata, nous envisagions de nous arrêter à Méthoni, le bout du « doigt » le plus à l’Ouest du Péloponnèse. Une jolie baie bien protégée par la ville fortifiée par les vénitiens puis les turcs nous tentait bien, mais, vent d’Est aidant, nous sommes passés très tôt devant ce petit havre et décidons de continuer vers Pylos, à quelques milles au NO.

Pylos est située dans une magnifique baie  abritée par une presqu’ile montagneuse. Cette baie, la baie de Navarin est connue pour sa bataille navale où les alliés, français anglais et russes, sont venus chasser les turcs lors de la guerre d’indépendance de la Grèce en 1827. La ville de Pylos a été longtemps occupée par un bataillon français et c’est même le General Maison, chef de la garnison, qui dessina la ville construite au pied de la forteresse.

Le port est à l’abandon, beaucoup de petites barques de pêche et pas mal de « verrues », bateaux ventouses laissés là par leurs propriétaires trop vieux, en attente d’une vente qui ne se fera pas faute d’acquéreurs. Nous retrouvons cette « malédiction »  dans tous les ports gratuits. Depuis  Trizonia dans le golfe de Corinthe jusqu’à Vonitsa près de Prévéza, en passant par Kiparrissi et Ormos Vlikho (liste non exhaustive).

Pour en revenir à Pylos, nous rencontrons une petite famille bretonne qui laisse son bateau ici pour l’été, leur bébé de 21 mois supportant très mal la chaleur. Petit diner avec eux le soir sur une terrasse de la place centrale, à l’ombre de platanes presque bi centenaires. Ils nous disent aussi leur déception et leur frustration ici en Méditerranée. Tous les deux, « brevet d’état, voile », ont du mal à accepter ces heures moteurs inévitables ici  et sont surpris par l’âge des plaisanciers. En effet, beaucoup de 3eme âge qui viennent chauffer leurs vieux os dans ces contrées paisible où on navigue plus  au moteur qu’à la voile. Très peu de jeunes couples dont les enfants pourraient être les compagnons de jeux de leurs enfants (en plus d’un garçon de 21 mois, ils ont aussi une adorable petite fille de 5 ans). Ce repos en France leur permettra peut être de revoir leur projet et d’opter pour la boucle atlantique, Canaries, Caraïbes, Açores que pratiquent beaucoup de jeunes couples en année sabbatique.

Un peu plus nord que Pylos, le port de Kiparissi est lui aussi gratuit. Nous profitons de la plage toute proche pour lutter contre la canicule à l’ombre d’un parasol, affalés dans un sun-bed, une boisson fraîche à la main. Baignade de temps à autre. La promenade en ville est assez décevante. Peu de cachet pour cette petite ville loin de tout.

Toujours plus nord, sur la route des Ioniennes, nous mouillons dans la rade de Katakolon, à l’abri derrière le port qui accueille les paquebots dont les touristes partent visiter Olympe.
Hélas, des centaines de méduses violettes entourent le bateau. Pas de baignade malgré la chaleur !

Dès le lendemain, nous filons sur l’île de Zante, la plus sud des Ioniennes  pour nous mettre à l’abri d’un méchant coup de vent de NO annoncé pour dans deux jours. Quand nous arrivons dans ce grand port à ferries, les places disponibles sont rares mais nous trouvons un bout de quai bien protégé, sauf des vagues non pas des ferries qui manœuvrent vraiment doucement, mais des grosses barcasses qui promènent les touristes autour de l’ile. Le pire étant un faux  galion pirate qui rentre dans le port plein pot accompagné d’une musique de d’jeuns, distillée par quatre énormes  caissons à mi-hauteur de mât.

Le coup de vent annoncé a bien eu lieu, mais amarré cul à quai en plein dans le lit du vent, le bateau ne souffre pas. Par contre, le branchement électrique et la fourniture d’eau  sont aléatoires.
il faut dire que nous sommes une vingtaine de bateaux alimentés par une rallonge de 3x1,5 mm² sur laquelle moult  triplettes chauffent et font disjoncter la borne. Pour l’eau, c’est 2m² par jour (pour les 20 bateaux)… les premiers servis ont de l’eau… les autres attendent un hypothétique rab le soir ! 20 bateaux qui leur rapportent 100€/jours rien que pour l’electricité et l’eau, cela devrait leur permettre d’investir dans une vraie installation !!!

Le lundi, le vent a faibli mais il reste de la houle entre Zante et Céphalonie. Nous remettons une couche de sel partout !
Nous abandonnons l’idée d’aller à Fiskardho au nord du canal séparant Céphalonie d’ Ithaque car la houle résiduelle et le thermique de l’après midi rendent ce passage difficile. Petit coup de barre à tribord direction le mouillage de Sarakiniko, au SE d’Ithaque.

Nous nous y reprenons à 3 fois pour que le mouillage accroche, le tout dans des bourrasques de 25 à 35 nd  entrecoupées de périodes calmes mais de courte durée. Pourtant au large, il n’y a que 15nd de vent !  Effet venturi du au relief ? Sans aucun doute. En attendant que ça se calme avec la nuit, je veille. A minuit, tout est calme. Au lit !
C’est déjà sur Ithaque que l’an dernier nous avons dû quitter le mouillage en catastrophe à cause du vent et de la mer levés par un violent orage sur le continent !

Aujourd’hui, nous avons pu rester sur place mais cela nous a coupé l’envie d’explorer l’ile. Peut être un troisième essai l’an prochain ?

En attendant, direction Sivota, sur  l’île de Lefkas. Pour changer, nous ne nous amarrons pas au quai SE mais optons pour le mouillage en plein milieu, histoire d’avoir un nouveau point de vue sur ce port naturel.

Pour changer de « Tranquil bay », toujours sur Lefkas, nous nous « aventurons » dans la baie de Vlikho. Cette grande baie très fermée ne voit jamais la houle. Par contre ce manque de mouvement d’eau la rend turbide et les méduses y sont en très grand nombre.

A Vlikho, nous retrouvons « Phil Do » un bateau rencontré l’an dernier à Corfou  et dont l’équipage, bordelais, est très très sympa. Apéro à bord pour fêter ces retrouvailles et ensuite diner en taverna.
La taverne où nous allons a son propre quai. Les serveurs nous accueillent en prenant notre amarre et en aidant tout le monde à prendre pied directement sur la terrasse du  restaurant. Bonne cuisine et cerise sur le gâteau, les serveurs font l’effort de parler  français.

Apres Vlikho, direction la marina de Lefkadas. Lessive et ravitaillement au menu. Et douche à volonté car sur le bateau, la douchette fonctionne bien mais il ne faut pas trop abuser, les réservoirs ne sont pas inépuisables.
Une fois nos emplettes faites et le linge récupéré, nous allons au mouillage entre marina et quai municipal, car nous préférons dépenser les 40€  de nuitée économisés en  petits à côtés…

40€, ce n’est même pas ce que nous a coûté le passage chez le coiffeur. 25€ pour nous deux !

Après Lefkadas, petit tour  dans le golfe Ambracique, derrière Preveza. Mouillage au même endroit que l’an dernier,  à l’abri de l’ilot. Dans le port, nous retrouvons Christophe et Annie avec qui nous avions fait une partie des Cyclades. Mais eux ont zappé la Crête. Trop de vent pour eux.
Nous discutons de nos périples en prenant l’apéro à leur bord. Ensuite, taverna sur la plage. Couchés à 1h du mat, le lever est tardif. Comme il y a une place à quai à côté de leur bateau, nous déplaçons « Ca’ d’ Oro » en fin de matinée. Nous arrivons trop tard pour admirer une grosse tortue qui faisait ses emplettes dans le port.

Apéro à notre bord et « giros-pitas » au bar du coin (un peu comme un gros kebab servi dans une assiette avec la pita en guise de pain et des frites à foison). Et avec 1 litre de blanc de pays, ça nous coûte 5€ par personne ! Bon, il ne faudrait pas manger que ça !

Ensuite, passage à la marina de Preveza pour réserver  une place fin septembre afin de préparer la sortie d’eau de Ca’ d’ Oro.

Nous apprécions beaucoup cette petite ville qui vit très bien sans être une station balnéaire. Le rythme y est dolent, les prix raisonnables et les autochtones  très accueillants. Comme « Phil Do » est aussi là pour préparer sa sortie d’eau, nous allons diner à leur bord après avoir pris l’apéro chez nous, en compagnie d’une tortue marine qui barbotait juste à coté de Ca’ d’ Oro.

Par contre, nous avons loupé « Cléophée » de nos amis savoyards qui  ont quitté Corfou pour rentrer à Porto Vecchio le jour où nous arrivions à Lefkas.

Voilà, la boucle est bouclée : Preveza – Preveza , environ 1000 miles …
Il nous reste un mois avant la sortie d’eau . Nous allons profiter des Ioniennes si belles et accueillir Antoine une semaine. Que du bonheur en perspective !

Ca' d'Oro au bout du quai,  à Kapsali ( île de Cythère)

Ca' d'Oro au bout du quai, à Kapsali ( île de Cythère)

le soleil couchant donne une teinte sinistre à la fumée des incendies qui ont ravagé une partie de l'île

le soleil couchant donne une teinte sinistre à la fumée des incendies qui ont ravagé une partie de l'île

Porto Kayo ( au bout du doigt du milieu du Péloponnèse )

Porto Kayo ( au bout du doigt du milieu du Péloponnèse )

habitat maniote

habitat maniote

Porto Kayo (entrée et zone de mouillage)
Porto Kayo (entrée et zone de mouillage)

Porto Kayo (entrée et zone de mouillage)

la cote Ouest du Magne avec des sommets à plus de 2000m (toujours le doigt central)

la cote Ouest du Magne avec des sommets à plus de 2000m (toujours le doigt central)

Kalamata, impressions du 1er jour
Kalamata, impressions du 1er jour
Kalamata, impressions du 1er jour

Kalamata, impressions du 1er jour

coulée verte qui ira du port au centre ville de Kalamata
coulée verte qui ira du port au centre ville de Kalamata

coulée verte qui ira du port au centre ville de Kalamata

vieux centre ville préservé du tremblement de terre (Kalamata)
vieux centre ville préservé du tremblement de terre (Kalamata)
vieux centre ville préservé du tremblement de terre (Kalamata)

vieux centre ville préservé du tremblement de terre (Kalamata)

forteresse de Koloni (cote Est du 1er doigt du Péloponnèse )

forteresse de Koloni (cote Est du 1er doigt du Péloponnèse )

et son pendant sur la cote Ouest, Methoni (la tour est turque, pas vénitienne comme le reste des fortifications)
et son pendant sur la cote Ouest, Methoni (la tour est turque, pas vénitienne comme le reste des fortifications)

et son pendant sur la cote Ouest, Methoni (la tour est turque, pas vénitienne comme le reste des fortifications)

roches protégeant l'entrée de la baie de Navarinou  où se trouve le port de Pylos

roches protégeant l'entrée de la baie de Navarinou où se trouve le port de Pylos

Forteresse de Pylos, tenue par un bataillon Français à l'époque de l'autonomie grecque

Forteresse de Pylos, tenue par un bataillon Français à l'époque de l'autonomie grecque

église de Pylos, la seule que nous ayons vue avec des dômes peints couleur alu

église de Pylos, la seule que nous ayons vue avec des dômes peints couleur alu

vue de Kiparissi à notre départ, au petit matin (rien de mieux pour cette bourgade)

vue de Kiparissi à notre départ, au petit matin (rien de mieux pour cette bourgade)

Zakhintos sur l'île de Zante (la plus sud des Ioniennes )
Zakhintos sur l'île de Zante (la plus sud des Ioniennes )
Zakhintos sur l'île de Zante (la plus sud des Ioniennes )

Zakhintos sur l'île de Zante (la plus sud des Ioniennes )

mouillage de Sarakiniko, bien calme le matin

mouillage de Sarakiniko, bien calme le matin

Chateau de Vonitsa dans le golfe Ambracique

Chateau de Vonitsa dans le golfe Ambracique

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