Au fil de la Saône
Comme Elisabeth nous à rejoint pour son petit tour de bateau annuel, c’est à trois que nous quittons Lyon en passant sous les 19 ponts et passerelles qui enjambent la Saône. Dernières photos de Notre Dame de Fourvière, quelques clichés des péniches transformées en logements et nous voici dans la campagne. Le courant est dolent et ne gène en rien notre progression vers le nord.
Aujourd’hui, une seule écluse au programme, elle nous hisse de 4 mètres en douceur. A Trévoux, il reste quelques places sur le ponton de la halte nautique. En venant accoster, la quille se plante dans la vase... pas assez d’eau. Gentiment, un plaisancier amarré juste devant nous va sonder les fonds avec sa gaffe. Au bout du ponton, il pense qu’il y a plus d’un mètre soixante d’eau. Effectivement, rien ne va entraver notre approche. Une fois bien à notre place, nous partons visiter le village. Petit musée sur la filière en diamant, spécialité du lieu, qui a boosté l’industrie et l’emploi à Trévoux au début du siècle dernier . Pour info, les fils métalliques (or, argent, cuivre..) sont obtenus par tréfilage et les filières s’usent rapidement d’où augmentation du diamètre du fil. Seul le diamant résiste à l’usure et c’est un ingénieur de Trévoux qui a trouvé le procédé du perçage du diamant. Ce musée est abrité dans une très belle demeure qui servait de palais aux sires de cette province des Dombes. Il y a aussi un château dans cette jolie bourgade mais la chaleur et la pente auront raison de notre volonté de visiter cette curiosité. Rafraîchissement à la terrasse d’un petit café qui a le privilège d’être situé dans une rue à courant d’air. Le soir, ablutions aux sanitaires du camping qui gère la halte nautique.
Le jour suivant, destination Mâcon. 53 kms et 1 écluse. Des petits villages de-ci delà, Montmerle qui aurait pu être une escale mais trop près de notre point de départ. Des pêcheurs en nombre, installés pour les vacances et les toiles de tente, caravane ou camping-car occupent des postes stratégiques sur les bords de la rivière. Ils ne gênent en rien la faune locale, cygnes, hérons, cormorans et rapaces.
Le port fluvial de Mâcon se trouve au bout d’un petit bras étroit et peu profond. Ça passe juste mais derrière cette difficulté, une darse très bien équipée et profonde de 3 mètres s’ouvre à nous. L’après midi, ravitaillement à la grande surface située à deux pas. Après le dîner, nous allons en ville en longeant une très belle promenade. Beaucoup de monde sur les quais car il y a concert et feu d’artifice en cette veille de 14 juillet. Si le concert donné par l’harmonie municipale nous laisse un peu sur notre faim, le feu d’artifice tiré depuis une péniche ancrée a milieu de la Saône est somptueux.
Le lendemain, visite de la ville mais en ce jour férié tout est fermé. Promenade en ville, cathédrale Saint Vincent très baroque, hôtel dieu transformé en maison de repos, jardins de la préfecture majestueux et ruines de l’ancienne église Saint Vincent dont il ne reste plus que le clocher double et dont les vitres reflètent le ciel comme dans un tableau de Magritte. Si Saint Vincent est aussi présent dans cette région, c’est qu’il est le patron des vignerons....
29 kms nous séparent de Tournus. A 13 heures nous trouvons une place sur le ponton de la halte.
Un petit tour vers l’office de tourisme. L’après midi va être bien rempli tant les richesses culturelles sont nombreuses et intéressantes. Tout d’abord, l’abbaye de St Philibert, magnifique ensemble de bâtiments dont l’église imposante et la curieuse chapelle située à l’étage. Dans l’ancien réfectoire, une exposition sur la vie au moyen age, très bien faite et ludique va nous occuper un moment. Les rues de la ville sont comme un jeu de piste qui nous mènera, via divers points de vues, jusqu’à l’ancien Hôtel Dieu resté dans sont état car utilisé jusque dans les années 1970. Une partie du bâtiment abrite le musée Greuze, artiste peintre du XVIII° connu pour ses scènes de genre et ses portraits, notamment la série des jeunes filles.
Vraiment une belle ville à visiter.
A Chalon sur Saône, le port fluvial est situé sur un ancien bras de la Saône, dans un cadre verdoyant. Les rues du centre sont bordées de maisons à colombages, magnifiques. Ici aussi la cathédrale est dédiée à Saint Vincent... ici aussi, comme à Tournus, existe un jeu de piste qui nous promène dans la ville au gré des curiosités. Trompe l’oeil sur la place du théâtre, quelques beaux hôtels particuliers, l’hôtel de ville, l’église St Pierre...
En remontant sur Seurre, nous passons la confluence du Doubs, la Saône se fait plus étroite, et sur les berges, plus de champs que de bois, plus de vaches que de vignes.... La halte de Seurre est gérée par l’office de tourisme. Armés d’un plan de la ville, nous allons visiter la maison Bossuet. Demeure à colombages qui abrite maintenant un petit musée. Artisanat lié à la batellerie et plus surprenant, atelier de prothèses orthopédiques, spécialité du lieu. Selon le guide,l’hôtel dieu est aussi très intéressant mais ayant vu celui de Tournus, nous choisissons plutôt la balade jusqu’au musée de plein air où un village typique a été reconstitué. Dans cet éco-village il y a aussi un conservatoire du pommier abritant une centaine de variétés, ce qui ne pouvait qu’intéresser Elisabeth, spécialiste de la culture de ce fruit.
Au bout d’une longue dérivation de la Saône, nous découvrons Saint Jean de Losne. Village voué très longtemps à la batellerie. C’est le départ du canal de Bourgogne, l’un des plus beaux de France mais nous ne le prendrons pas car il manque d’eau sur son versant nord. C’est aussi un grand port qui abrite, outre une base de location de pénichettes, deux chantiers navals d’importance. Malheureusement, la baisse du trafic n’encourage plus les investissements et le port n’est plus dragué. Nous nous amarrons au milieux de plantes aquatiques qui abritent libellules et grenouilles. Ces dernières, tout comme à Trévoux, vont nous faire profiter de leur concert nocturne. Pour nous venger, nous irons manger une pleine assiette de cuisses dès le lendemain. C’est le plat typique du lieu, on comprend pourquoi.
C’est ici, à Saint Jean de Losne, qu’ Elisabeth termine cette balade fluviale. Elle a adoré, nous aussi.
Pour Ca’d’Oro, il faut encore une petite journée pour arriver à Heuilley, point de départ du canal de « Champagne Bourgogne » qui va nous amener jusqu’à la Marne, la Seine, la Manche....